Musique d’église
Introduction
Il est éminemment prouvé que l’homme dans son culte à Dieu doit tout ce qu’il a de plus sublime et de plus beau, et son hommage doit être exprimé non seulement par des mots mais par des sons harmonieux, de la musique qui dans toutes les vraies religions est une prière d’exaltation, une expression efficace du sentiment religieux.
L’Eglise Ethiopienne a institué sa propre musique, appropriée à l’esprit de ses offices, l’adaptant à la nature des religieux qui l’ont utilisée, aux temps de l’année liturgique et à la solennité des fêtes, faisant de la musique une fête de la joie grande et exultante, des accents funèbres pour les temps de pénitence et les offices des défunts. Adoration, action de grâce, supplication, tristesse, joie et triomphe font partie de la musique religieuse.
La divine liturgie est le cœur du culte de l’Eglise Orthodoxe éthiopienne.
Tous les différents types de prières orthodoxes et tous les rites autour du Sacrifice de la Messe ont été institués par le Seigneur la nuit même où Il fut livré (1 Cor, 11, 23-25).
La liturgie éthiopienne est divisée en deux parties. L’introduction est appelée Ordo Communis et la partie eucharistique l’anaphore. L’anaphore est la partie la plus solennelle de la liturgie ; son point central en est la grande Oblation. Elle commence par les mots “Sursum Corda” (Elevons nos cœurs) ou bien les termes équivalents, que l’on rencontre dans toutes les liturgies, de même que la suite de la prière eucharistique jusqu’à la fin.
Il est incorrect de parler de différentes Liturgies dans l’Eglise Ethiopienne. Il est plus exact de parler de différentes anaphores. C’est l’anaphore, le point central de la liturgie, correspondant au Canon romain qui varie, tandis que la structure commune, l’Ordo Communis comme on le nomme généralement, reste invariable. L’expression “Qedasse de saint Dioscore”, par exemple, peut faire penser soit à la partie variable, l’anaphore qui porte le nom du Saint, soit à l’Ordo Communis joint à la même anaphore.
Il y a quatorze anaphores reconnues, dont la plus usuelle est celle des Douze Apôtres. Dans quelques anciens monastères, six autres sont parfois utilisées. La Liturgie éthiopienne fut la première de toutes les liturgies orientales à être publiée. Elle a été imprimée à Rome en 1548.
1) des Douze Apôtres
2) de notre Seigneur Jésus-Christ
3) de notre sainte Dame, Marie
4) de saint Jean Chrysostome
5) de saint Dioscore
6) de saint Jean l’Evangéliste
7) de saint Grégoire l’Illuminateur (ou saint Grégoire d’Arménie)
8) des 318 Pères Orthodoxes (les Pères de Nicée ???)
9) de saint Athanase
10) de saint Basile
11) de saint Grégoire de Naziance
12) de saint Epiphane
13) de saint Cyrille
14) de saint Jacques de Saroug
Dans chacune de ces anaphores, les paroles de l’Institution sont différentes. Dans la “Liturgie des Douze Apôtres”, les paroles de l’Insitution sont : “prenez, mangez, ce pain est mon corps, qui est rompu pour vous en rémission des péchés” ... “prenez, buvez, cette coupe est mon sang qui est versé pour vous et pour beaucoup”. La consécration est appelée MELAWAT, c’est-à-dire “CHANGEMENT”.
Ces quatorze anaphores sont attribuées à divers saints, mais une seule est normalement utilisée, les autres étant des alternatives pour de rares occasions.
L’anaphore principale, celle des Douze Apôtres, est fondamentalement identique à celle de la Liturgie copte de saint Cyrille, plus développée.
La majorité des autres anaphores est ultérieure, sans doute remontant après le X° siècle.
L’anaphore de Notre Seigneur Jésus-Christ est utilisée pour les fêtes du Seigneur, et au Mont Thabor ;
celle de notre Dame pour les fêtes de la Mère de Dieu, de Gabriel et de;
celle de Jean, le Fils du Tonnerre pour les fêtes de saint Jean l’Evakngéliste, saint Etienne, saint Georges, tous les Martyrs et la Nativité ;
celle de saint Jean Chrysostome pour la veille de Pâques, le Jour de Notre Sauveur, la fête de la Croix et celle de saint Jean Chrysostome ;
celle d’Athanase pour le Sabbath chrétien;
celle d’Epiphane pour le Jour du Baptême (Théophanie), le moine de Rains;
celle des 318 Pères de Nicée pour les fêtes de Cana en Galilée, Gena, les 24 Pères divins ;
celle de Grégoire de Naziance pour la Fête de l’Hosanna (dimanche des Palmes) et pour la Passion ;
celle de Dioscore à l’Ascension et à la Pentecôte;
celle de Basile pour les fêtes de tous les patriarches et les évêques;
celle de Cyrille à la fête du patriarche Cyrille et aux fêtes de tous les justes et les prophètes ;
de Jacques de Saroug pour la fête de saint Michel et saint Gabriel, tous les anges.
La liturgie est célébrée quotidiennement. Outre le célébrant (le prêtre principal) et plus tard un autre prêtre, la présence de trois diacres est requise. La liturgie Ethiopienne est un développement de la liturgie de saint Marc, le rite en usage dans l’Eglise Copte en Egypte. Elle est divisée en deux parties : la pré-anaphore et l’anaphore. L’anaphore correspond au Canon de la messe dans les Eglises occidentales. Pendant que les Eglises occidentales ont une anaphore (canon), le canon de la Messe avec sa Préface, il y a quatorze anaphores dans la liturgie Ethiopienne. Cependant, l’anaphore des Douze Apôtres et la forme commune dans l’Eglise Ethiopienne et les autres ne sont utilisées que lors de certaines fêtes particulières.
LA VIE LITURGIQUE
La vie liturgique est, comme chez tous les orthodoxes, au cœur de la vie chrétienne et spirituelle des orthodoxes orientaux. Les Églises orthodoxes orientales ont gardé des prières qui comptent parmi les plus anciennes prières chrétiennes ; l’histoire comparée des liturgies primitives permet d’étudier les relations entre les différentes traditions : copte, éthiopienne, syrienne orthodoxe, arménienne et byzantine. Les Arméniens gardent jalousement leur langue classique pour célébrer la liturgie. Les Coptes, sauf dans les monastères, n’utilisent leur langue que pour les parties les plus importantes de la liturgie ; sinon celle-ci est chantée en arabe par les fidèles et le clergé ; il en va de même avec le syriaque et l’arabe dans l’Église syrienne orthodoxe. En Éthiopie, la langue liturgique est toujours la langue classique, le geez, mais certaines prières peuvent aussi se chanter dans la langue vernaculaire, l’amharique, principalement dans la capitale, Addis-Ababa. En Inde, les communautés syriennes orthodoxes prient principalement en malayalam au sud, ailleurs souvent en anglais. En diaspora, certaines communautés orthodoxes orientales utilisent de plus en plus les langues locales pour leurs prières.
Les principales anaphores ou canons eucharistiques utilisées par les Coptes sont celles dites de saint Grégoire, de saint Cyrille et surtout celle de saint Basile. Chez les Syriens, où l’on compte plus de 70 anaphores, on utilise surtout celles de saint Jacques et celle des Douze Apôtres. Les Éthiopiens ont gardé 14 anaphores et l’on fait remonter la musique liturgique à un saint éthiopien du VIe siècle, Yared. La liturgie arménienne a été inspirée par celle de saint Basile et révèle aussi quelques similitudes avec la tradition syriaque. La lecture (en traduction) des textes liturgiques que les fidèles ont chantés au cours des siècles pour exprimer leur foi, est une enrichissante manière de découvrir la théologie - en particulier la christologie - et la spiritualité de ces Églises. Même si les textes sont différents, le déroulement de ces liturgies et de ces offices est semblable à celui des orthodoxes chalcédoniens de tradition byzantine. Les orthodoxes orientaux, qui ont gardé le beau moment du baiser de paix, partagent aussi la théologie et la pratique de la vénération des icônes.
L'anaphore de Notre Seigneur
Église orthodoxe d’Éthiopie
L’Anaphore de Notre Seigneur, l'une des plus anciennes prières eucharistiques de l'Église d'Éthiopie, fait partie des quatorze anaphores d'emploi courant. Dans la liturgie, le texte est entièrement chanté. Nous en donnons ici quelques extraits ; notez la participation de l’assemblée à la consécration, l’anamnèse et l’épiclèse.
Invocation de Dieu, de Jésus et des saints
Prêtre : Anaphore de notre Seigneur et notre Dieu et notre Sauveur Jésus-Christ. Que la bénédiction de son pardon soit avec notre roi NN. et notre reine NN. à jamais. Amen.
Nous te remercions, Dieu saint, qui perfectionnes notre âme, donateur de notre vie, trésor incorruptible, Père de ton Fils unique, notre Sauveur qui proclame ta volonté, car tu as voulu que nous soyons sauvés par toi. Notre coeur te rend grâce, ô Seigneur. Tu es pouvoir du Père et grâce pour les nations, connaissance pour les justes, sagesse pour les errants, médecin pour l'âme, redresseur des humbles, tu es notre cité. Tu es le bâton des justes, espoir des exilés, refuge de ceux qui sont en tribulation, lumière des parfaits, Fils du Dieu vivant. Fais rayonner sur nous ta grâce infaillible en nous donnant fermeté et courage, fidélité et sagesse, la puissance d'une foi inébranlable et d'un espoir immuable. Montre-toi compréhensif pour notre humilité, ô Seigneur, afin que nous, tes serviteurs, soyons vraiment purs. Et que tout le peuple te glorifie.
Assemblée : Seigneur, nous te glorifions et nous te bénissons. [suivent des bénédictions et des intercessions pour l’Église, les fidèles et les défunts]
Préface et Trisagion
Diacre : Vous qui êtes assis, levez-vous !
Prêtre : Par la parole de ton intelligence, tu as fait tout ce que tu as voulu. Diacre : Regardez vers l'est.
Prêtre : Tu l'as envoyé dans le sein de la Vierge, il fut conçu dans ses entrailles et devint chair ; l'Esprit Saint fit connaître ton Fils. Diacre : Soyons attentifs.
Prêtre : Il naquit de la Vierge pour accomplir ta volonté et constituer pour toi un peuple saint.
Diacre : Répondez !
Assemblée : Saint, saint, saint le Seigneur Sabaoth, le ciel et la terre sont pleins de la sainteté de ta gloire. (Le prêtre auxiliaire donne l'encensoir au prêtre, qui encense ses mains et les passe trois fois au dessus du pain et du calice).
Prêtre : Il tendit les mains à la souffrance, il souffrit pour guérir les malades et pour juger les morts qui ont confiance en lui. Souviens toi de nous, ô Seigneur, dans ton Royaume, souviens-toi de nous, ô Seigneur notre maître, souviens-toi de nous, ô Seigneur, dans ton royaume, comme tu t'es souvenu du larron à ta droite, quand tu étais sur ta sainte croix.
Récit de l'institution de l'eucharistie
Prêtre : Celui qui a été livré à la souffrance pour sauver les malades, raffermir ceux qui chancellent, retrouver les égarés, rendre la vie aux morts, détruire la mort et briser les fers de Satan, accomplir la volonté de son Père, fouler aux pieds l'Enfer, ouvrir la porte de la vie, donner la lumière aux justes, établir l'ordre, dissiper les ténèbres, faire croître les petits enfants et manifester sa résurrection, la nuit même où il fut trahi, ...
Diacre : Prêtres, levez les mains !
Prêtre (en levant le pain) : ... il prit du pain entre ses saintes et bien heureuses mains immaculées.
Assemblée : Nous croyons que ceci est lui, en vérité nous le croyons.
Prêtre : Il rendit grâce, le bénit et le sanctifia (triple bénédiction sur le pain), le rompit (le prêtre marque l'hostie de son pouce) et le donna à ses disciples en disant : Prenez, mangez ! Ceci (le prêtre désigne le pain eucharistique) est mon corps qui sera rompu pour vous et donné pour la rédemption de beaucoup.
Assemblée : Amen, amen, amen, nous croyons et nous confessons, nous te louons, ô notre Seigneur et notre Dieu, nous croyons que ceci est vraiment ton corps.
Prêtre : De même, après le repas, il remplit le calice, il rendit grâce, le bénit et le sanctifia (triple bénédiction sur le calice) et le donna à ses disciples en disant : Prenez, buvez ! Ceci est mon sang répandu pour vous à cause de vos péchés.
Assemblée : Amen, amen, amen, nous croyons et nous confessons, nous te louons, ô notre Seigneur et notre Dieu ; nous croyons que ceci est vraiment ton sang.
Anamnèse
Prêtre : Et quand vous faites ceci, faites-le en mémoire de moi.
Assemblée : Nous proclamons ta mort, ô Seigneur, et ta sainte résurrection.
Nous croyons en ton ascension et en ta seconde venue. Nous te glorifions et nous te confessons, nous te prions et nous te supplions, ô notre Seigneur et notre Dieu.
Prêtre : Et maintenant, ô Seigneur, que nous nous souvenons de ta mort et de ta résurrection, nous te confessons et nous t'offrons ce pain et ce calice en te remerciant toi seul, Dieu sauveur du monde, parce que tu nous as ordonné de nous tenir devant toi et de te servir.
Épiclèse
Prêtre : C'est pourquoi nous, tes serviteurs, ô Seigneur.
Assemblée : C'est pourquoi nous, tes serviteurs, ô Seigneur ...
Prêtre : Nous te prions et te supplions d'envoyer ton Saint Esprit sur ce pain et sur ce calice pour en faire le corps (triple bénédiction) et le sang (triple bénédiction) de Notre Seigneur Jésus Christ pour les siècles des siècles.
Assemblée : Amen. Seigneur, prends pitié de nous ; Seigneur, épargne nous ; Seigneur, sois clément à notre égard !
St. Yared - Venez bientôt
Seatat - Venez bientôt